Le monde tourne bizarrement quand le temps s'est arrêté. Il suffit d'une seconde pour comprendre qu'une année vient de passer. Encore et encore. Tout ça, sans que rien ne bouge pour celui qui ne perçois les changements que trop tard. Le passage du temps est pire pour un monstre au costume de chair et d'os. En plus de s'adapter à l'évolution autour de lui, il doit lutter avec celle qui prends place à l'intérieur de lui. La Folie. Il l'a vécue, il l'a goutée, désirée, mâchée, s'en est repu encore et encore. Il sait ce dont il est capable s'il l'écoute. Cependant, il faudrait qu'il brise sa promesse pour céder à cette tentation. Cette promesse, son vœu, son dernier souffle. L'espoir, fin mais réel qu'elle créée rien qu'en existant.

Le Temps s'écoule, la Terre tourne, le monde est dans un mouvement perpétuel. Au milieu de tout cela, le Monstre se tient debout, immobile dans cet océan mobile. Contemplant un monde qui n'est plus le sien depuis bien trop longtemps. 

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 Une chose est sûre. Pour le Monstre rien ne compte plus au monde que sa famille. Ensemble, ils se sont battus, déchainés, ils ont détruits, protégé, aimé et pleuré. Il y a peu de temps pour le Monstre, il perdit une partie de sa famille. Une partie importante. Une perte qui lui couta un morceau du peu d'âme qui lui restait. Le Monstre que beaucoup ont crain pendant longtemps, qui a nourrit les Légendes et les Mythes, ce Monstre autrefois aussi puissant que les Dieux, n'est plus aujourd'hui qu'un être brisé, rôtissant petit à petit dans un enfer qu'il s'est lui même construit suite à la perte de ce joyaux qui illuminait leur famille d'une chaleur unique. Tel le soleil qui illumine le jour, Elle illuminait leur vie. Depuis tout est sombre, fade, atténué. Pendant longtemps le Monstre n'as plus eu d'espoir et même l'autre partie de son âme ne réussi pas à le faire se relever. Il lui fallut du temps. Voila bien le seul avantage à avoir le temps dans ce monde.

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  La main qui est tendue vers lui est fine, élégante et gracieuse, entourée de son gant de satin. Elle appartient à une jeune femme sans importance, la fille noble d'une femme noble qui cherche un mari noble. Je prends cette main entre mes doigts gantés et mine un baisemain puis la relâche après une réponse de convenance "Ravi de vous rencontrer". La mère s'offusque que je ne porte pas plus attention à son outil de mariage et l'outil en question rougit sous mon regard qui pourtant n'a rien d'autre en lui que de l'ennui. Je retiens un soupir et me détourne pour parcourir la salle du regard. J'intercepte un regard presque identique au mien. Il appartient à la dernière partie de mon âme, cette partie est en train de danser au centre de la pièce, entrainant une autre jeune fille à sa suite. Ce jeune homme qui n'a de jeune que l'apparence me fait un sourire sarcastique juste avant que la musique se finisse et qu'il s'incline devant elle. Puis avec la grâce d'un prédateur, il vient vers moi et me tends un coupe de champagne. Nous n'avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre et nous restons là, pendant un petit moment, ignorant les demandes répétés de certaines Demoiselles pour regarder cette foule de couleur chatoyantes aux reflets précieux. Pour moi tout ce ressemble, toutes et tous. Plus rien n'est pareil depuis ... Bref, je me tourne vers lui et il secoue la tête. Très bien, si ce dernier souhaite rester grand bien lui fasse, mais pour ma part, je rentre. J'en ai la nausée de ce monde, je n'ai qu'une hâte, me retrouver seul avec mes livres. Je dépose ma coupe vide sur un plateau en argent et me dirige vers la sortie. Une fois dans l'air frais, je peux enfin prendre une grande inspiration. L'air intérieur est irrespirable, plein de parfums et d'odeurs quelconques. Je monte dans ma voiture qui arrive devant moi et fait signe au cocher de partir. Ce dernier hèle les chevaux et la soirée prends enfin fin alors que mon regard se pose sur ce monde qui n'est plus le mien depuis trop de temps déjà.

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