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Jadia Lunarlight

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La liberté n'induit pas l'égoïsme et il n'y a pas d'homme plus libre que celui qui agit parce qu'il pense ces actes justes.

La nuit était claire, les rayons lunaires, opalescents illuminaient la route, permettant aux voyageurs de marcher sans crainte. Ses rayons, soulignaient la beauté du paysage, la délicatesse de la nature, et malgré eux, ou grâce à eux, accentuaient les ombres. Le groupe de pèlerins, marchait d'un pas rapide, pour certains pressé par la peur et l'inquiétude des monstres rôdant dans les ombres, pour d'autre par l'avidité de savoir encore inconnus et pour les derniers par l'envie pressante d'une auberge où il trouverait lit et repas chaud, ce qu'il n'avait pas eu depuis plusieurs semaines. Ces hommes faisaient le voyage ensemble, la force de groupe plus puissante que la solitude pour ces non combattants. 

Quand un des pèlerins tomba pour la seconde fois, il fut décidé qu'une pause ne serait pas de refus. Ils s'assirent en cercle et firent un petit feu pour réchauffer les plus frileux.  Ils éteignirent le feu quelques minutes plus tard et reprirent leur route. Ce fut à la sortie d'une foret, au détour de la route pavée, qu'ils la virent. La ville. Au bord d'un océan sombre, dominé par la Lune, la grande ville portuaire, aux lueurs vacillantes, s'érigeait là. Les pèlerins poussèrent un bref soupir de soulagement et de leur pas plus vif, se mirent en route.

Une fois arrivé à la plus grande ville portuaire du Royaume de l'Est, le groupe se sépara et chacun partit de son côté. Beaucoup partirent directement vers les auberges encore ouvertes mais deux hommes se dirigèrent vers le port pour se renseigner. Malgré l'heure presque indue, ils trouvèrent les marins dans les tavernes, et n'hésitèrent pas à ce renseigner. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent sur le port, longeant les quais qui oscillaient en même temps que la mer, dans une danse lente et calme. Ils avisèrent un capitaine qui leur avait été recommandé par beaucoup de marins et se dirigèrent vers lui.

-Excusez nous monsieur, mais nous aimerions avoir quelques renseignements, si, il vous plait de nous éclairer.

Le capitaine, un homme dans la fleur de l'âge se tourna vers eux. Il avait une carrure digne d'une armoire en bois brut et son visage était éclairé par la lumière rougeoyante de son cigare.

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- Q'puis je pour vous ? 

- Nous cherchons à aller sur l'île lunaire, est ce possible ?

Les yeux du capitaine étincelèrent de stupeur et se plissèrent de méfiance dans le même temps. 

- Qu'est ce que vous voulez aller faire là bas ?

Les deux voyageurs se regardèrent et le plus grand répondit 

- Nous sommes des scientifiques explorateurs et avons remarqué que cette île n'est répertoriée nul part sur une carte. Elle est bien présente dans beaucoup de légendes mais rien ne permet de nous conduire là bas excepté les seuls capitaines qui y sont allés. 

Le grand homme grommela dans sa barbe et regarda les scientifiques. Il soupira, enleva son chapeau pour se gratter le crane et le remit.

- Laissez moi demander d'abord si vous avez le droit.

Les deux hommes se regardèrent de nouveau incrédules. 

- Demander à qui ?...

Mais le capitaine leur avait déjà tourné le dos et venait de rentrer dans une habitation non loin. Ils attendirent quelques minutes et il ressortit. Il passa devant sans même les regarder et jeta une bouteille de verre à la mer. Puis il se tourna vers eux et haussa les épaules. 

- Attendons la réponse.

Le petit qui n'avait encore pas parlé s'eclama

- Vous voulez nous faire croire que quelqu'un va nous répondre ? Et comment, vous avez jeté le message à la mer, si j'ai bien deviné !

Le capitaine se dressa de toute sa hauteur - conséquente- au dessus des deux hommes et sa voix grave fit se retourner quelques matelots qui discutaient à voix basse plus loin dans un coin que les rayons n'illuminaient pas. 

- Je ne pense pas que deux nouveaux venus comme vous aient le droit de juger mes actes encore moins quand ils viennent de me demander de l'aide. Laissez les grands faire et tenez vous tranquilles avant que l'envie de vous jeter aux monstres marins qui rêvent de chair humaines ne prenne le dessus sur la raison.

La lueur rouge de son cigare donnait à son visage l'aspect d'une face sortie des Enfers. L'effet en fut plus que convaincant. Les deux scientifiques se turent et le capitaine s'assit sur une caisse non loin. Attendant. 

Cela faisait une bonne heure qu'il attendait avec Hial le "retour" de la bouteille à la mer. Il doutait que cette bouteille ne revint, mais le regard du capitaine lors de la dernière réflexion qu'avait faite Hial avait été plus qu'assassin et ils en avaient déduit que il ne valait mieux pas le titiller. Alors lui et Hial attendait depuis au moins une bonne heure, même plus. Ils étaient en pleine conversation sur la science de la cartographie quand ils virent un matelot approcher en courant en désignant le ciel. Le capitaine leva la tête et sourit. Il se releva de la caisse sur laquelle il était assis depuis le début et embarqua sur le canoë. L'homme digne d'une armoire leur fit signe 

- Alors vous foutez quoi ? vous voulez aller sur l'île ou pas ?

Hial et lui se dépêchèrent d'attraper leur sac de voyage et montèrent précipitamment sur le petit bateau. 

- Mais comment savez vous qu'on peut y aller ? 

Le capitaine sourit et désigna le ciel.

- Il me l'a dit.

Hial lui lança un regard dans lequel l'incertitude brillait. Cet homme était fou ! Mais il était trop tard pour faire demi-tour. Ils montèrent sur le navire marchand et ce dernier s'ébranlât. La nuit auparavant calme s'agita, le vent souffla gonflant les voiles et dirigeant le bateau. Le capitaine était appuyé sur la barre et laissait le bateau se diriger seul. Les deux scientifiques s'adossèrent contre le bastingage dans un endroit qui ne gênerait pas les matelots pour leur travail. Ils voyagèrent pendant un bon moment, le vent ne faiblissant jamais. Puis elle apparut à travers un fin brouillard. 

- Algor...

L'autre homme hocha la tête face à son ton émerveillé. Il ressentais la même chose. Devant eux se dressait une île superbe, resplendissante dans la nuit.

 

Le bateau s'approcha avec douceur, comme dans un rêve. Le ponton s'avançait dans la mer et le bois cogna contre le bois lorsque le navire s'arrêta contre lui. Le capitaine les fit descendre et leur fit signe.

- Je vous attends là ! Vous vous devez monter là haut !

Il désigna le centre de l'île, sur une montagne, où l'on pouvait voir un bâtiment tendre ses colonnes vers le ciel étoilé. Les matelots et lui se dirigèrent vers une bâtisse qui se dressait sur la berge. Ils y entrèrent et on n'entendit plus que des bruits de fonds. Le silence de la Nature. Jamais totalement silencieux. Les deux scientifiques raffermirent leur prises sur les sangles de leurs sac et se mirent en route. Ils n'avaient pas dormit depuis deux jours mais l'excitation de la découverte leur enleva ce poids. Il suivirent le sentier qui les guidèrent à un escalier taillé dans la roche. L'île était plongée dans le noir mais la magnificence du lieu n'en était que plus présente. Durant leur ascension il virent la rivière qui irriguait l'île descendre en cascade de ce qui ressemblait de plus en plus à une temple. L'eau de cette rivière était aussi lumineuse dans le noir que les étoiles dans un ciel d'hiver. Ils continuèrent à monter admirant la flore, imaginant la faune qui pouvait vivre ici. Après une monté digne d'un marathon, ils arrivèrent devant un temple au lignes épurées, presque éphémères, digne des cieux. De pierre blanche, d'ivoire, de marbre le plus pur, colonnes, statues, chemins d'eau claire et pierres magiques emplissait le lieu d'une aura presque divine. Les deux scientifiques redevenus simple enfants émerveillés s'avancèrent sur le chemin qui menait au bâtiment principal. L'entrée était ouverte et menait à une salle circulaire de taille impressionnante. Le plafond de verre laissait la lumière de la Lune illuminer la pièce comme elle le faisait avec le ciel. Tout à l'émerveillement, Algor ne s'aperçut qu'après qu'ils n'étaient plus seuls. Mais il ne voulait pas se retourner de peur de troubler la magie qu'il sentait en ce lieu. Il n'avait jamais cru à la magie, pur homme de science qu'il était. Mais devant ce spectacle, il devait avouer qu'il avait peut être tort sur toute la ligne. Il sentit la présence se rapprocher doucement d'eux, et sut que Hial l'avait aussi sentit.

- C'est beau, n'est ce pas ?

La voix était claire, alto, sure et calme. Une voix de femme. La propriétaire de la voix les dépassa et alla se positionner au centre de la pièce, en pleine lumière lunaire. Elle était ... magnifique ! Algor en resta sans voix. De long cheveux de lune encadrait un visage ovale dans lequel de grands yeux qui semblaient changer de couleur sans cesse brillaient. Elle semblait immense, mais son esprit habitué à calculer les distance la situa entre un mètre soixante et un mètre soixante dix. Elle portait une robe au tissus fins alliant le bleu, le blanc et l'argent. On aurait dit qu'elle avait été créée à l'image du lieu. Ou l'inverse. Algor se demanda alors subitement si elle n'était pas la déesse vénérée dans ce temple. L'inconnue éclata alors d'un rire cristallin et secoua la tête. 

- Je ne suis pas assez prétentieuse pour me nommer déesse. Je suis une prêtresse. Un soldat également. Et je sers la Lune. 

Elle leva son visage vers les rayons opalescents. Comment avait-elle ... ?

- Je ne lis pas dans les esprits, mais tous ceux qui viennent ici sont aussi clairs que l'eau qui coulent sur cette terre. Vos yeux parlent pour vous. 

Ils restèrent pendant un bon moment sans bouger, admirant, eux la prêtresse, elle le Ciel ou ce qu'elle pouvait y voir. La Nuit laissa place à l'Aube et leur hôte revint vers eux, leur faisant signe de la suivre. La prêtresse sortit de l'autre côté du temple, passa devant un pont plus majestueux encore que le reste, qui semblait mener à une montagne non loin, sur laquelle un arbre immense, aux couleurs de l'île s'élevait vers le ciel, mais la femme ne s'y rendit pas. Elle leur fit faire le tour du temple, leur fit admirer des créations trop belles pour être humaines, et les ramena en haut de l'escalier qu'ils avaient montés pour arriver au temple. 

- Redescendez messieurs, il est temps pour vous de repartir. 

Hial qui était resté sans voix jusqu'à présent, s'indigna soudain.

- Madame, nous venons de loin pour répertorier cette île ! Il est de notre devoir de rapporter au monde cette merveille !

La magnifique et douce prêtresse posa ses yeux topaze sur lui. Elle pencha la tête sur le côté, laissant ses cheveux cascader dans son dos.

- Vous ne semblez pas comprendre messieurs. Cette île n'est pas faite pour être visitée par des curieux. C'est un lieu sacré ! Il n'est pas là pour faire partit de vos cartes. Elle restera dans les légendes. Ceux qui ont besoin de trouver leur chemins, qui voudrons vraiment venir ici le pourrons mais vous, aujourd'hui, devez renoncer à votre mission. 

Hial sourit et secoua la tête.

- Notre envoyé est bien plus puissant que vous madame. Nous prenons nos ordre de lui et notre Roi veut la carte de cette île.

Elle soupira alors et secoua la tête. D'un geste de sa main, le vent se mit à tourner autour d'eux, il se solidifia au creux de sa paume pâle en un sceptre digne des plus grands Dieux.

- Je vous ai permis de venir ici, de découvrir que la science n'explique pas tout. Vos insultes et vos impolitesse sont les pires des remerciements. Elle pointa son bâton d'argent sur eux. Ma Reine est plus légitime que votre petit roi. Votre vie vaut-elle vos cartes ? Ceci, elle engloba de son geste le temple et l'île, n'est pas fait pour être couché sur une carte. 

Algor regarda la femme dans les yeux et vit la dure réalité. Elle n'aurait aucun ressentiment à l'idée de les faire disparaître tous les deux. Il ne savait pas comment elle était au courant pour les cartes, ni comment il allait l'expliquer au Roi mais il ne lui viendrait pas à l'esprit de souiller cet endroit de son sang. Il prit le bras de son ami et s'inclina devant la prêtresse. 

- Nous sommes désolé de vous avoir importuné, et mon ami à tendance à trop parler sous l'effet de l'émotion, veuillez l'excuser. J'espère que notre impolitesse peut être pardonnée et que vous nous en tiendrez pas rigueur. Sur ce, nous vous laissons. Merci de votre acceuil.

Le sceptre avait disparut durant sa phrase et il tira Hial le long du chemin retour. Hial ne comprenait pas, mais il ne répondit pas à ses questions. Quand il revinrent, le capitaine les attendaient, toutes voiles dehors. Un vent doux les poussèrent loin de l'île qui disparut à leur yeux dans un fin brouillard au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient.

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Folie & Paix

“La vengeance est plus douce que le miel.”

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