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Ellana Diana Landchester

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La liberté n'induit pas l'égoïsme et il n'y a pas d'homme plus libre que celui qui agit parce qu'il pense ses actes justes.

Le vent souffle avec puissance dans les landes éternelles. Il couche les herbes hautes, chante dans les feuilles et parcours la grande voie dallée, seul chemin pour traverser cette partie sauvage du continent. Il s'engouffre à travers les fenêtres dans les maisons et les commerces des petits bourgs qui ont fleuris à quelques endroits le long de cette voie. Lors de son chemin, le vent s'enroule autour des voyageurs, des chevaux, des charrettes. Il en suit certains depuis leur départ, d'autre depuis qu'ils ont accostés au Royaume de l'Ouest pour venir ici. 

La brise s'engouffre entre les caravanes longeant la rue principale du grand hameau, presque une ville. Il s'est créé par automatisme autour de cet axe principal qui relie les quatre grands Royaumes aux points cardinaux, et les plus petits Royaumes qui s'éparpillent autour. il a commencé par une auberge qui a émergée de terre il y a une bonne centaine d'années de cela, et aujourd'hui, bar, commerces ont fleuris tout autour. Certains intellectuels le qualifient de plus grand carrefour du Grand Continent. 

La brise continue sa course le long de la route jusqu'à l'Auberge du centre. Située au centre du hameau, la légende dit que elle serait également située juste au centre du Continent. Mais ce n'est pas pour cette raison que les voyageurs s'arrêtent ici. C'est pour les repas chaud que l'on peut avoir à toutes heures du jour ou de la nuit et l'attrait d'un lit toujours disponible.

L’Auberge est, d'un point de vue humain, aussi grande et spacieuse qu'un petit palais. Agrandie au fur et à mesure que la route est empruntée et que les voyageurs se multiplient. La rumeur court que même si tout les voyageurs du mois y entre il reste encore de la place.

 

La douce brise s'est transformée en coup de vent et entre dans la bâtisse en même temps qu'un voyageur qui vient de confier son cheval au valet. Elle s'enroule autour de ce dernier presque avec amour. Sa cape sombre se soulevant sous ce coup d'aor, l'étranger entre et va se placer au fond de la salle principale, celle du bar et restaurant, dos contre un mur.

L'aubergiste, un homme ventripotent, sait que de cette place on peut surveiller toute la salle. C'est un ami soldat qui le lui a dit une fois, quand l'aubergiste lui a demandé pourquoi son général s’asseyait toujours la bas. Pas la meilleure place de l'auberge en plus. Sur ce constat et son expérience au fil des ans, il en conclut que l'étranger est un guerrier. En soi ce n'est pas rare de voir un guerrier passer par son auberge, ça non, mais il a entraperçu les tissus qui composent la tenue de l'étranger entre les pans de sa cape. Ces derniers  laissent présager un exotique ou alors un guerrier plutôt riche. Et il en voit suffisamment peu pour qu'il ai l'attrait de la nouveauté.

Le tavernier se dirige vers le nouvel arrivant, son torchon à la main.

- Que puis je vous servir ?

L'homme garde sa capuche baissée de sorte que l'aubergiste ne peut voir que le masque qu'il porte sur le bas du visage. Ce dernier détail est vraiment inédit et l'aubergiste n'a jamais vu quelque chose qui y ressemble de près ou de loin. Le masque semble être fait de cuir noir et cache toute la partie que la capuche ne met pas dans l'ombre, du bas du visage jusqu'au dessous des yeux. Le guerrier lève une main et dépose deux pièces d'argent dans la grosse main cicatrisée et calleuse de l'aubergiste. Malgré le masque, sa voix sort clairement. Une voix médiane mais mélodieuse, dont le calme et l'assurance va avec la finesse de ses mains couvertes par des gants d'archers. Faits en un tissu ressemblant à du cuir tanné mais extrêmement fin, il recouvre tous les doigts excepté l'index et le pouce.

- Le repas du soir et votre meilleur alcool s'il vous plait. Gardez la monnaie.

L'aubergiste regarde les deux pièces d'argent, presque le triple du prix du repas demandé. Il hoche la tête et pour ce prix là, mets tout son cœur dans la préparation du repas. Non pas qu'il ne prenne pas son travail au sérieux la majorité de temps, mais l'argent ajoute toujours quelque chose de plaisant à l'humeur. On ne rencontre pas ce genre de généreux voyageur tous les jours, et malgré son allure quelque peu étrange et même inquiétante sous certains aspects, les deux pièces allègent la mauvaise vision que le tavernier ai pu avoir de lui.

 

 

Quelle merde ! Ce bourg est vraiment de la merde. Il n'y a pas un seuls passant à martyriser un peu, trop de soldats, on peut voler une bourse ou deux mais pas plus. Un ramassis de merde chaudes ! Lui et ses hommes arrivent de la route du Royaume du Sud, faite à vive allure, pour se diriger vers un petit pays où ils pourraient s'installer définitivement. Ils en avaient tous marres d'être des bandits de grands chemins, et se tournent donc maintenant vers quelque chose de plus stable, la prostitution et la drogue. Des secteurs bien plus rentables et respectables. Avec l'argent volé à un vieux stupide, il entre lui et ses quatre hommes les plus fidèles dans la taverne. La seule foutue taverne qui sert du bon alcool à la ronde. Il se baisse pour entrer dans la salle, et la vue de tous ses gens respectables lui donne envie de gerber. De sa grosse voix, il hèle la serveuse, en profite pour apprécier la marchandise autant visuellement que par le toucher et commande de la bière.  

Il a à peine déposé l'assiette de l'étranger devant lui qu'un groupe de bandits entre. L'aubergiste aurait aimé voir ce qu'il y a sous le masque du guerrier mais la menace à peine contenue qui vient de s'installer en plein milieu de la Taverne est nettement plus préoccupante. Marie, la serveuse revient vers lui manifestement agitée et il comprends vite pourquoi. Alors il la charge de servir le coin de l'étranger et il part s'occuper de celui des cinq hommes. Il leur sert leur bières et ne peut s'empêcher de comparer les deux derniers arrivants. L'un est finement musclé, fait pour la légèreté, invisible et mortel sont sans doute les premiers mots que l'on a en tête en le voyant. L'autre est géant, de la carrure d'un bœuf, aussi sale que l'animal qui lui ressemble, brute et sauvage sont les qualificatifs de celui ci. Il arrive avec le plateau de boissons et les déposent au centre de la table quand le chef de la bande l'apostrophe :

- Hé ! Où qu'elle est la salope ? 

L'Aubergiste se sent devenir un peu plus blanc mais sa voix ne tremble pas. Si son ancêtre avait été un guerrier, lui n'en a jamais été un.

- Elle fait son boulot et sert une autre table. 

- Fait lui faire son boulot par ici, un peu de compagnie de serait pas de refus.

Le sous entendu est clair et l'aubergiste plisse les yeux. Il n'est peut être pas un combattant, mais sa carrure n'est pas digne d'une puce. Il regarde le guerrier dans les yeux, sérieux et tenant sa position.

- Désolé mais ici, la maison ne permet pas se genre de chose. Il y a un bordel au coin de la rue si vous voulez mais ici, la serveuse est respectable.

Le chef a un sourire presque diabolique. Il attrape l'aubergiste au col et le soulève jusqu'à sa hauteur. La pointe des pieds de l'homme effleure à peine le sol dans un battement désordonné, faisant un faible son de frottements. L'aubergiste peut voir les vaisseaux sanguins dans le blanc des yeux du barbare.

- J'ai pas entendu p'tite merde, t'as dit quoi ? Je suis sûr qu't'a dit que ta taverne était ouverte pour nous et qu'on pouvait faire comme chez nous, n'est ce pas les gars ? 

Les quatre hommes ricanent et au moment où l'aubergiste va lui dire d'aller se faire mettre, la lame d'un glaive se pose sur sa gorge. Il déglutit et sent un filet de sang couler dans son cou. 

- Si tu obéit pas, l'Auberge du Centre ne sera plus que l'Auberge sanglante mon gars. Alors tu as pris ta décision ?

L'aubergiste ne peut se permettre de tant de risque et acquiesce. Le chef éclate alors de rire et d'un geste l'envoie dans les airs. Le pauvre homme ferme les yeux dans un geste instinctif et n'a pas le temps de se rouler en boule qu'il sent un choc dans son dos et est étourdit quelques minutes. Son souffle est court et il a du mal à respirer mais n'a rien de cassé. En reprenant ses esprits, il comprends vite qu'il vient de casser une table. Dans sa douleur, entre deux grimaces, il ouvre les yeux et regarde en face de lui. Des yeux uniques, d'un vert émeraude vibrant illuminés par des éclats d'argent liquide le regardent de haut. Ils le transpercent de part en part et il a l'impression que leur propriétaire peut lire en lui. Il remarque alors le masque baissé, et la cuillère levée signifiant que l'étranger a commencé à manger. Ou plutôt l'étrangère. Parce qu'avec un visage aux traits si fins, aux lèvres charnues rosées, ajoutées à ses yeux, ce ne pouvait être un homme. Il se relève plein du repas de la guerrière et les yeux de cette dernière brillent d'éclairs de colère. L'aubergiste s'excuse en bredouillant. Marie se précipite vers lui, un torchon à la main et l'aide à se relever puis lui essuie le visage. Celui de la femme est fermé et dur. Elle se lève, dégrafe sa cape pour révéler une tenue en cuir tannée par les ans, des couteaux de lancer à la cuisse droite, une dague à la botte gauche et sans doute d'autres armes cachées, et se met en mouvement. Si certain guerriers marchent avec l'assurance de l'expérience, elle glisse sur le sol comme si elle est aussi fluide que l'eau. Gracieuse, et féline, chaque pas posé est une certitude. Si la majorité font du bruit, elle est plus silencieuse que la nuit qui descend sur la terre. La guerrière s'avance vers le chef barbare, qui rit encore de la déconfiture de l'aubergiste. Sa voix auparavant tiède et neutre est devenue froide et précise, tel une lame de glace.

- Excuse moi Abruti. 

Le chef se retourne vers elle, une pinte à la main. Ses yeux se plissent sous l'insulte mais il avise alors celle qui se tient devant lui. Plutôt petite et fine, son corps n'est pas un canon de beauté, bien ronde,  mais contient  suffisamment de chair pour faire le bonheur d'un homme. Il sourit alors.

- Salut chérie, ça te di-

- Tu me doit un repas. 

- Quoi ?!

- L'homme que tu vient de lancer a atterrit sur ma table. Tu me doit un repas.

Elle tend la main vers l'homme en un geste digne d'une danseuse. Ce dernier lui agrippe le poignet et la tire vers lui. Il se penche et lui murmure, sans trop de succès, à l'oreille.

- Allons ma chérie, soit pas si dure, vient partager une bière avec nous, et plus après, bien entendu. Je sais que tu vas aimer ça. Tu va même en crier de joie.

L'aubergiste ne pensai pas que un visage aussi agréable puisse devenir aussi glacial mais il a eu tort. La femme secoue son poignet mais le barbare ne lâche pas, ravit de la dominer. 

- Pas intéressée. Quitte à coucher, autant que ce soit avec quelqu'un qui soit agréable à l'oeil et disons que toi tu aurait mieux fait de sécher sur la cuise de ta mère.

Le barbare rougit sous l'insulte.

- Petite pute ! 

Il lève la main pour envoyer une bonne gifle à la demis portion devant lui -c'est le cas de le dire comme elle fait presque la moitié de sa taille- Mais il n'a pas le temps de faire redescendre sa main. Elle attrape le petit doigt de sa main gauche et tourne sur elle même. Le craquement se fait entendre dans la salle silencieuse devant ce combat entre deux oxymores. Le barbare rugit et dégaine son glaive puis se jette sur la guerrière. Elle esquive souplement et tends le pied. Le lourdaud s'étale sur le plancher et son teint vire à l'écarlate. Le temps qu'il se relève, ses hommes se sont jetés sur elle. Elle esquive les coups comme une herbe pliant sous vent. Avec fluidité et grâce. Une grâce mortelle. Elle bloque l'épée qui descend vers elle, enfonce le plat de sa main dans la trachée et fauche les jambes du premier. Le laissant chercher désespérément de l'air sur le sol, elle s'occupe des deux autres en envoyant un coup pas orthodoxe entre les jambes du second, agrippe la tête du troisième homme et lui enfonce son genoux dans le nez. Elle lui casse alors le bras lorsqu'il essaie de lui empoigner les cheveux, relevés en une haute queue de cheval. La femme revient au chef quand celui ci réussit là ou son sbire a échoué et la soulève par les cheveux. Sans lui laisser le temps de faire quoi que se soit, elle enroule ses jambes autour du bras qui la tient, posant ses pieds sur le cou de l'homme. La clé de bras immobilise le barbare mais la brute enragée n'a pas donné son dernier mot. Il lève son bras et le projette sur la table la plus proche. Le dos de la guerrière percute la table violemment trois fois, sans même que la guerrière ne prononce un son de douleur. Il relève son bras pour une quatrième fois quand l'aubergiste remarque que la main gauche de la femme cherche rapidement quelque chose dans sa veste. Elle a un sourire de victoire et sort un fin stylet d'argent. Alors que le bras auquel elle est accrochée redescend, elle fait un mouvement trop rapide pour l'œil d'un non combattant et elle plante son arme fine dans l'oreille du barbare d'un geste souple. En une fin de bagarre sans saveur, le géant s'écroule, mort avant même d'avoir touché le sol. Elle essuie son arme avec la cape du défunt et en profite pour prendre d'un geste rapide la bourse qui traîne dans les décombres de la table. Sans un mot, le femme revient à sa place, tire une table libre vers sa chaise et fait signe à l'aubergiste. Ce dernier qui avait envoyé Marie chercher les gardes du bourg, s'approche avec déférence.

- Puis je avoir un autre repas ? Elle sort deux pièces d'argent de la bourse récupérée et les tend à l'aubergiste. C'est le barbare qui paie.

La fin de la journée passe comme un nuage. Le médecin du coin est venu avec les gardes et s'exclama devant l'état de la taverne. Les gardes emportèrent les barbares sans jeter un coup d'œil à la femme qui mangeait tranquillement. Le médecin examina l'aubergiste, lui banda le bras et lui exhorta le repos. La guerrière finit son repas sous les regards, étonnés, curieux ou encore méfiant du reste de la salle. Elle attrape sa cape, l'accroche à sa veste et remonte le masque de cuir tout en relevant la capuche. Sans un regard autour d'elle, elle sort de la salle. L'aubergiste remarque alors la bourse volée au barbare sur la table. Il l'agrippe et sort en courant.

- Ma dame ! Ma dame !

Mais il ne voit personne. Il regarde des deux côtés de la longue avenue et ne peut rien distinguer à travers la foule. Alors il sourit et empoche la bourse. Ben quoi, il lui faut faire vivre sa famille !

Destruction

Il y a une différence énorme entre celui qui cherche à se dépasser et celui qui veut être le meilleur. Le premier travaille sur lui le second par rapport aux autres.

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- Pourquoi l'avoir laissé vivre ? 

L'instructeur tourne autour de moi, comme un faucon autour de sa proie. En face de moi, ou plutôt à terre devant moi, un gosse d'à peine une dizaines d'années git dans une flaque de sang. Pas le mien. Sans peur, je regarde l'homme qui allait sans doute me frapper dans peu de temps. 

- Comme peut-il apprendre s'il est mort ? 

Le géant plisse les yeux et se penche vers moi.

- Conteste tu mes manières d'apprentissages ? 

Je reste silencieuse. Non pas que je sois d'accord avec ses "manières" mais plus parce que je ne suis pas encore capable de lui ouvrir la gorge comme il l'a fait à beaucoup de gosses ici. L'homme ricane et attrape le gosse par les cheveux. De blonds, ils sont passés à rouge. 

- Ou alors tu as encore trop la trouille de prendre une vie ? 

Je plante mes yeux dans les siens, le plus sérieusement du monde.

- Donnez moi un couteau et laissez moi l'accès à votre gorge pour voir. 

Il a un rire, presque hystérique. Et sans plus d'avertissements je sens son poing s'enfoncer dans mon estomac. Je ne peut l'éviter. Il est trop rapide, trop fort, trop tout.

Je n'ai pas été entraînée par ma famille à de nombreuses techniques de combats. Mais même une novice comme moi peux le dire, ici, ils ne sont pas juste doués. Ils dépassent leur limites, en crée d'autres, juste pour les repousser aussi.

Le mur percute mon dos avec dureté, et je sais que mon épaule s'est disloquée. Mais il me soulève déjà pour me renvoyer dans les airs. J'atterris avec un bruit sourd, et quelques os cassés également vu la douleur que je ressens. Je me rends alors compte que je suis non loin du gosse. Discrètement, je lui fait signe de s'écarter. Il ne se fait pas prier et va se coller au mur, dans le coin le plus loin de l'entraîneur, une expression de terreur sur le visage, montrant à qui le veut que sa formation première n'est pas terminée. J'ai une vague de sympathie pour ce gosse. Mais cette vague fut vite interrompue par une autre, de douleur lorsque le talon métallique de la botte de l'examinateur s'enfonce dans ma cuisse. Il attrape ma queue de cheval poisseuse de sang et me souleve comme un fétu de paille. Il me regarde dans les yeux avec délice. Comme si j'étais un gâteau à déguster gratuitement.

- Tu n'a toujours pas abandonné hein ? Chouette, plus de séance pour moi.

Il s'adresse au gamin.

- Retourne dans tes quartiers. Va te faire soigné et demain je veux que tu soit capable de résister plus longtemps, ou tu aura des séances aussi.

L'air horrifié du gosse le fait rire. Ce mec est vraiment le plus joyeux des entraîneurs. Sans plus de cérémonie il sort en me traînant derrière lui.

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Les "séances" sont vues comme la pire des punitions dans le camp. Le "morceau de viande" ainsi appelé le condamné à cette peine, est enfermé dans une pièce insonorisée, avec pour seuls meubles une chaise de torture et la table en bois du bourreau. Cette pièce est destinée à briser les esprits forts qui n'adhèrent pas à l'entrainement, ou l'enlèvement, ou le meurtre ou juste pour satisfaire les plaisirs des bourreaux. Et d'après les rumeurs je suis celle qui y reste le plus longtemps. La dernière fois m'avait semblé durer des années mais il n'avait duré qu'un mois. Un tout petit mois de torture sur un an. Ou plus qui sait, le temps passe différemment en enfer. L'entraîneur, ou  gros porc sadique N°1, me traîne jusqu'à la chaise et m'y ligote. Je connais le processus par cœur. Ensuite, il frôlai du bout des doigts les outils. De ses mêmes doigts il effleure chaque partie de mon corps qu'il va briser, couper, abîmer, brûler. Et pendant qu'il réfléchit, connard silencieux arrive. Je ne sais pas qui il est, mais à chaque fois il est là. Et à chaque fois que le bourreau coupe, brise, brûle, il me soigne. Il fait tout disparaître. Mon corps est comme neuf. Et le porc recommence. Ensuite il part manger, boire, dormir. Et je reste ici, sur cette chaise. Et il revient. Un cercle infini. Jusqu'à ce que je cède. En général c'est jusqu'à ce que le silencieux n'ai plus assez de force pour me guérir. Je reste alors la journée dans la chaise et le lendemain même, l'entraînement intensif pour faire de nous des tueurs parfaits recommence. 

- Aujourd'hui, on va changer. 

Je le regarde d'un œil méfiant. Qu'est ce qui va arriver ? Il m'a déjà torturé de beaucoup de façons, et par les Célestes, je sait que beaucoup d'autres existent. Mais là, le porc sourit encore plus que d'habitude. Il se dirige vers la seule porte de la pièce et l'ouvre pour faire entrer quatre enfants. Ils ont entre cinq et huit ans. Des enfants qui n'auraient jamais du être là. Déjà leur regards sont vitreux comme ceux des morts. Le regard de ceux qui n'ont plus rien, même plus d'âme ou de cœur. Plus rien à perdre. Je serre les poings et les liens se resserrent, lorsqu'ils s'alignent devant moi à peine un mètre devant de la chaise.  Ils sont habillés comme moi, des bandages, un haut trop grand, trop léger, et un bas qui flotte sur leur jambes trop maigres. L'entraîneur les désigne alors d'un geste.

- Choisit en un.

Je le regarde sans comprendre. Il soupire, prends un hachoir et décapite la petit fille sur l’extrême droite dans le même geste. Je reste sans voix. Paralysée. Que ... ? La tête roule jusqu'à mon pied droit et bute dessus. J'ai une profonde envie de vomir, mais je me retiens. Cela lui ferait trop plaisir. J'en ai vu des horreurs ici. Les tombes communes, dans lesquelles des dizaines de cadavres de gosses gisent, les massacres lors des "jeux" pour déterminer qui a le droit de monter de niveau, mais je ne m'y fais toujours pas. 

- Pourquoi ... ?

Il agita le hachoir et la lame passe près du petit garçon au centre. Il ne bouge pas, pas plus qu'ils ont bougé lorsque la fillette c'est faite tuée. 

- Voit tu, tu est la seule à me résister si longtemps. Et bien entendu j'avais plein d'idées mais jamais personnes pour essayer. Et te voila ! La nouvelle venue, la petite chérie de la famille de chevalier. Alors je t'ai torturé avec tout l'amour que je pouvais. Mais tu a continué à résister. Et ce matin, je me suis dit, pourquoi pas essayer mes nouvelles techniques avec toi ? Tu en est peut être digne. Il place la lame de tranchoir près de ma gorge mais pas suffisamment près pour que je m'y empale dessus. Alors choisit en un parmi les trois. Il fait un geste théâtral vers les trois gosses restant et en égorge un au passage. Le sang nous jaillit dessus. Mince, j'ai pas fait attention ... dommage ... parmi les deux restant du coup. 

- Espèce de malade  !

C'est la première fois qu'il obtient une réaction de ma part et ses yeux s'illuminent comme une nuit de pleine lune. Mais sa satisfaction me passe au dessus. Il peut faire ce qu'il veut de moi, me briser, me pendre, me torturer et même me violer comme certaines fois, mais ça, s'en est trop. Je me débat mais les liens sont solides, je le sais pourtant, pourquoi alors n'en prends je pas compte ? Ma seule pensé est qu'il doit mourir avant que ces gamins ne meurent. Il éclate de rire devant les paroles qui sortent de ma bouche sans que j'ai le sentiment de parler. 

- J'ai trouvé ! Gil avait raison ! 

Mes poignets saignent, mon épaule est toujours disloquée, et je ne sais pas quels os sont cassés mais c'est supportable. Si je pouvais défaire les liens juste un peu ... Attend quoi ? Il rit encore plus devant mon air interloqué.

- Il a remarqué que tu protégeait toujours tes adversaires plus petits, plus faibles. Que tu leur donne ton repas. Alors que tu n'hésite pas à rouler sur les plus expérimentés, ceux d'une vingtaines d'années, ceux qui sont aussi âgés que toi. 

Il se remets à rire et pousse même le vice jusqu'à sautiller autour de moi. Alors c'est ça. C'est parce que j'ai été trop gentille ? Protectrice ? Du sang m'arrive dans les yeux et je me fixe sur le présent. Plus personne ne se tient debout à part l'entraîneur. Les gosses ont rejoins les deux autres dans la mort. Sur un geste du porc, le silencieux ouvre la porte et fait un signe. Non, non, non , s'il vous plait ... Un groupe d'une vingtaine de gamins entre dans la pièce. Certains pleurent, aucuns n'a le regard mort des quatre premiers. 

- Regarde notre nouvel arrivage ? Ils sont tous frais de ce matin ! Spécialement pour toi. 

Il attrape une gamine par les cheveux. Celle ci crie, se débat, appelle sa mère, son père, sa famille, et essaie même de le taper avec sa peluche. Il rit encore. 

- Que le jeu commence. 

Stop. Stop. Stop. S'il vous plait. J'en supplie la Terre et les étoiles. La Lune et le Soleil. Pitié arrêtez le. Depuis combien de temps suis-je sur cette chaise, à compter les têtes qui tombent ? Quatre. Quatre tas de cadavres. Et deux tas de têtes. Si il continue, il va réussir, il va me briser, et faire de moi son jouet. Et je refuse ça ! Mais comment résister... ? Je suis lasse, fatiguée, éreintée. Qu'on en finisse...

- Veut tu que je t'aide ?

 Je relève la tête rapidement. Devant moi, se tient... Moi. Mais au lieu des yeux verts si caractéristiques de ma famille, j'ai les yeux argentés. Un argent liquide, mouvant.  Chouette, je suis devenue folle. Pas si forte que ça finalement. 

- Non tu n'est pas folle. Elle s'avance, ses pieds nus faisant des bruits de succions dans les marres de sang. Elle me prends le menton en une douce caresse. Tu m'a appelé, tu te souvient ? Je suis là pour t'aider. Je peut te soulager, enlever ta peine, tu pourra te reposer, profiter du calme. 

Je ne peut m'empêcher de laisser couler les quelques larmes qui n'avaient pas roulées pendant que je hurlais sur Lui.

- Comment ?

Putain. Même ma voix est brisée. 

- C'est simple, laisse moi aller en surface.

- Qu-Quoi ? 

Elle plonge sa main dans mon cœur et j'ai un hoquet de douleur. Alors je la voit vraiment. Je suis sur un océan calme et sous la surface elle est là, comme un miroir. Elle me tend la main et sans plus réfléchir, submergée par l'épuisement et l'espoir du repos, je la prends et la serre. Nos place s'inversent et contrairement à elle, je sombre dans les fonds obscurcis de ma psyché. Quand je reviens à moi, je suis dans une cage, sur une surface aussi noire que le charbon et devant moi se déroule mon présent. J'assiste à mes actes, fait par mon propre corps mais contre ma volonté. J'assiste à mes mains brisant le bras d'un gamin sans pitié et contre ma volonté. J'assiste à tout cela du fond de ma cage, au fond de mon océan d'obscurité. Plus tard, quand mon corps regarde dans un des rares miroir présents dans cet enfer, mes yeux sont argents et non plus verts.

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Obéissance & Révolte

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Le soleil est haut dans le ciel, ses rayon dardent une lumière chaude sur le monde. La chaleur ambiante en cette fin de journée est haute. Les pierres roulent sous les sabots de mon cheval qui souffle un peu plus fort que d'habitude. Je le fais s'arrêter dans le coude du chemin de pierre. Dissimulé sous les herbes et végétaux, redevenu un sol fertile, un très vieux chemin s'enfonce dans​ dans la foret. Je guide l'animal sur cette piste qui ne doit plus être utilisée que par des petits animaux. Au fur et à mesure que l'on avance des flashback me reviennent. Des réminiscences qui apportent douleur et plaisir, regret et amour, peine et chaleur. Des sentiments conflictuels qui me suivent jusqu'à une clairière magnifique. De grands arbres l'entourent, l'herbe est douce au regard et au toucher, un ruisseau coule non loin. Et au milieu, des ruines. De vielles ruines d'une bâtisse d'un autre temps. D'une autre époque.

Je descends avant de faire une petite pause pour reprendre mon souffle. Mon cœur s'est serré à la vue de cette scène et mes poumons ont bloqués l'air qu'ils contiennent. Je me force donc, à reprendre mon calme et fait quelque pas vers cet endroit pleins de souvenirs. Je ne sais pas combien de temps je reste plantée là mais il commence à faire nuit quand j'arrive à sortir de ce tourbillon d'émotions qui m'étreignent la gorge. Je prends une grande inspiration pour me donner du courage et me dirige vers l'endroit qui dans mes souvenirs était recouvert de sang. A présent, des fleurs blanches avaient poussées tout autour. Tout autour de quatre squelettes, empilés les uns sur les autres. Tous ce que j'ai essayé de calmer plutôt se ravive avec vivacité. Je ferme les yeux quelques secondes pour résister à l'assaut de mon cœur alors qu'il essaie de me faire tomber dans la folie du passé. Les joues pleines de larmes que je n'ai pas conscience de pleurer, je m'agenouille devant les restes de ma famille. Une main sur le cœur, je prie ma Déesse pour que leur âme soient en paix, pour que s'ils vivent, ils vivent entourés d'amour et d'une famille chaleureuse. Et je m'excuse. Je m'excuse de ne pas être venue plus tôt. Je m'excuse de ne pas avoir eu ce courage. De les avoirs laissés seuls pendant presque un siècle plus ou moins, je ne tiens pas de compte. 

A genoux dans le parterre de fleurs je leur raconte tout. Mon temps d'esclave, ma vente à l'une des organisation d'assassins les plus redoutables. Comment ils ont faillit me briser et comment mon esprit s'est séparé. Comment l'une partie fut mise en cage et l'autre nous fit obéir et commettre des actes atroces pour le simple fait de survivre. Le fait que les hommes qui les avaient tués aient été les premières

victimes de ma lame une fois envoyée sur le terrain. Et le fait que le monstre que je suis devenue à ce moment a atteint les premières places dirigeante de cette organisation pour ensuite la détruire de l'intérieur. A ce moment là, je baignais dans une marre de sang tellement large que j'aurais pu y nager. Je leur raconte mon sauvetage par ma Déesse, comment je suis devenue son soldat et comment depuis tout ce temps je ne faillis pas à ma tâche. Parce que, grâce à elle, mon esprit est redevenu Un. C'est avec fierté que je raconte la fin de mon histoire à cette pile d'ossements qui furent une fois ma chère et tendre famille. C'est avec fierté que je  leur narre mes actes sous les ordres de ma maitresse et Déesse. J'ai des doutes, souvent. J'ai rasé des villes entières pour perpétuer l'équilibre de ce monde. J'ai mis fin à la vie de Dieux devenus fous. Et à présents je garde un œil sur ses même entités pour qu'elles ne détruisent pas ce monde. Je leur avoue qu'après tant de temps à vivre de la violence, à tuer sur les ordres de quelqu'un, je fatigue. Je ne sais plus si ce que je fais fait la différence. La nourriture à le même gout tout le temps, je ne peux même pas me saouler, l'alcool n'a plus d'effet sur moi et la douleur n'est plus rien depuis longtemps. Je suis anesthésiée à tout, au monde, à la beauté, à la cruauté, tout me parait ... gris. J'ai perdue mon âme parmi toutes les vies que j'ai prises. Tuer n'est pas plus difficile que respirer et depuis un certains temps je me demande même si ça vaut le coup de je reste en vie.

- Je suis tellement fatiguée ... 

Alors que ma voix s'éteint, je regarde mes mains, posées sur mes genoux. Des souvenirs se superposent à la réalité et en des flashs rapides, je les vois couvertes de sang. Jamais le même, jamais le même endroit, jamais la même cause. Je soupire et m'excuse de nouveau. De quoi je me plaint ? Je suis en vie. Eux non. Ferme ta gueule Ella, tu ne mérite pas de te plaindre. Sur cet ordre mental, j'essuie mes joues et me relève. Le flot de larmes s'est tarit depuis longtemps. Mes yeux n'ont plus l'habitude de pleurer et ils me brûlent légèrement. Mais sans un mot, je fais apparaitre une pelle et commence à creuser sous le grand arbre, là où notre famille aimait manger lorsqu'il faisait beau. Je creuse un grand trou puis retourne vers les os. Délicatement, avec toute la douceur dont je suis capable, je sépare les squelettes et les enveloppe dans un tissus richement décoré d'or et d'argent. Tissé de fils de Magie, il résistera au temps, aux insectes et à la terre. Je les allonge ensuite dans la tombe que je viens de creuser. Je sais qu'une tombe individuelle serait mieux. Mais je ne peux me résoudre à les séparer. Ne serait ce que par un morceau de terre.  A coté de chacun, je dépose un objet ressemblant trait pour trait à celui qu'ils utilisaient tout le temps avant leur mort. Je les avaient fait faire sur mesure pour cet occasion. Un dernier sort de protection pour me rassurer plus qu'autre chose, je remplis de nouveau le trou de terre. D'un claquement de doigt, de l'herbe aussi douce qu'une plume et des fleurs aussi belles que les étoiles fleurissent sur la terre fraichement retournée. 

J'ai l'impression que le vide que mon âme à laissée dans mon corps s'est agrandit maintenant que la tâche que je suis venue accomplir est finie. Je lève la tête vers le ciel qui s'est assombrit depuis mon arrivée. La Lune est haute dans le ciel et ses rayons m'apaisent légèrement. Ma Déesse veille sur nous. Tout autour d'elle, les étoiles illuminent le ciel et parmi elles, peut-être qu'il y a les âmes des miens. Je prends une grande inspiration et siffle mon cheval. Ce dernier vient se poster devant moi et je le monte. Avant de quitter la clairière je fais une pause, laissant mon regard parcourir cet endroit une dernière fois. Je réactive et renforce le vieux sort qui s'étiole, empêchant les animaux sauvage de venir, ainsi que les humains. Seuls ceux à qui appartiennent cette terre peuvent venir. Ce nombre s'élève à un à présent. Moi. Sur une dernière prière, je me retourne et me remets en route. Quittant cet endroit, laissant la foret se refermer sur ce chemin et mes souvenirs. Les sabots du cheval se posent sur le chemin principal et je regarde autour de moi. Si je me souviens bien … A oui là ! Je saute a terre et me dirige vers de vieux morceau de bois gisant sur le bas coté. Autrefois joliment gravés et signalant la direction du village et de notre maison, il ne reste plus que quelques morceau non dévoré par le temps et le bâton planté dans le sol, penché en un angle imprévus.

Le sentiment de contentement que je ressens après avoir accomplit mon devoir s'efface vite quand je me tiens au dessus des morceaux de bois. Je fronce les sourcils et me penche, ignorant complètement les bouts de bois pour attraper la terre entre mes doigts. Ce qui a attiré mon attention, ce sont des résidus magiques. De très vielles traces qui si, elles sont toujours présentes signifient qu'elle viennent d'une personne puissante. Et le pire c'est qu'elles me disent quelque chose. Elles me sont familières. Je me creuse la mémoire pour trouver la correspondance et la révélation me coupe le souffle. 

- Non. Ce n'est pas possible. Je dois délirer, il n'y a pas d'autre solutions … 

Un enchainement de pensée m'assaillent et des fils relient des évènements en un enchainement d'évènements improbables. Alors que je suis encore en train de réaliser ce que veut dire ces traces, je suis submergée par une colère profonde. Une colère mêlée d'une pointe de trahison. J'essaie de calmer ce sentiment trop fort pour mon esprit et me résonne. Je me fais des idées, c'est trop tiré par les cheveux. Sans même y réfléchir je me téléporte jusqu'au temple de ma "sœur". Un endroit qui aurait pu sortir des rêves des plus grands artistes. Un temple au lignes épurées, presque éphémères, digne des cieux. De pierre blanche, d'ivoire, de marbre le plus pur, colonnes, statues, chemins d'eau claire et pierres magiques emplissait le lieu d'une aura presque divine. A l'image de notre Déesse. Ce temple fait pour la prier et également un moyen pour nous, ces "enfants" d'accéder à son palais. Je me dirige vers la salle principale du temple,  et active la porte. Une lumière blanche m'entoure et je me retrouve dans un palais fait de Lune et d'étoiles. Une version multipliée du temple. Flottant dans un espace entre les mondes, dans un océan d'espace et d'étoiles, il est à couper le souffle. Un souffle que je suis trop occupée à réguler pour gérer ma colère qui augmente au fur et à mesure que je m'approche de la salle du trône. Je pénètre dans cette pièce majestueuse et ne remarque même pas ma "sœur" qui me salut d'un grand sourire. Tout ce que je vois c'est ma Déesse debout devant le trône d'un blanc pur. Son regard froid se pose sur moi et sa voix pleine de puissance me percute comme à chaque fois.

- As tu fini ce que tu voulait faire ? 

Je serres les mâchoires presque en m'en faire mal et me force à prendre une voix neutre et inexpressive.

- Presque. 

- Presque ? Elle hausse un sourcil hautain et un air de mécontentement traverse son regard. Explique toi ma fille. 

Je ferme rapidement les yeux. Elle s'entête à m'appeler ainsi. Et je m'entête à lui signaler que je ne suis que son soldat. Mais cette fois ci je vais passer parce que j'ai des choses bien plus importantes à faire.

- En partant, j'ai découverts des résidus magiques. Ils doivent surement appartenir à la vielle femme qui a montrer le chemin aux bandits. 

Ma soeur qui s'est rapprochée de moi, prends la parole tout en fronçant les sourcils :

- Pour qu'ils soient encore là après tout ce temps, cette femme devait être très très puissante !

- Exact.

Je ne lâche pas du regard ma Reine et Déesse. Ses yeux sont toujours froids, inexpressifs et imperturbables. 

- Avez vous une idée Déesse ? 

Elle soupire et balaie l'air de sa main, clairement ennuyée, comme un humain aurait été ennuyé par une mouche. 

- Arrête ton petit jeu ma fille. Oui c'était moi. 

J'entends à peine le hoquet de stupeur de ma sœur. La réalité me frappe en plein visage et je suis figée. Figée par le fait que celle que je pensais m'avoir sauvé la vie est celle qui me l'a détruite. Ma voix sort sans même que je le veuille. Elle est faible, éraflée, j'ai l'impression de revenir dans la salle de torture de la guilde des assassins. 

- Pourquoi ? 

Ma Reine soupire, clairement ennuyée. 

- Ce n'est pas important. Passons à autre chose, j'ai une mission pour to-

- POURQUOI ?! 

La stupeur est partie, la colère à repris sa place. 

- Je n'ai jamais rien demandé de votre part pendant tous ces siècles. Répondez moi, pourquoi ?

Elle me fixe pendant un moment. Avec une attitude suffisante, elle s'adresse à moi comme elle le ferait avec un enfant capricieux qui est dans le tort.

- Mon soldat était mort et j'avais besoin d'un nouvel enfant. Tu avait un potentiel exceptionnel et parfait pour devenir ma fille. J'ai donc fais en sorte de détourner suffisamment le chemin du destin pour que tu devienne ma fille. Rien de plus. Elle ancre son regard indifférent dans le mien. J'ai fait la même chose pour que tu soit vendue à la guilde, pour qu'ils réussissent à te briser et pour que tu te libère. 

Elle parle des pires moments de ma vie comme elle parle du temps du lendemain. Je prends enfin conscience de ce que je suis pour elle et de comment elle me voit. Un outil. Ces appellations familiaux ne sont que de la poudre aux yeux. Mais cette réalisation est vite détruite par une rage violente et puissante. Un sentiment qui couve en moi depuis toutes ses années et dont je n'avais pas conscience. Cette rage transforme mes veines en glace brulante. Je laisse même échapper un ricanement devant ma stupidité profonde.

- Merci de votre réponse. 

- Contente que tu comprenne. Bon comme je le disais, j'ai une missi-

- Non. 

Son regard s'emplit de mécontentement et l'air de la pièce se refroidit grandement.

- Pardon ? 

- Non. 

Je la regarde dans les yeux et commence à étirer mes muscles par de petits mouvements. 

- Je ne suis plus votre Soldat. Voyez cela comme ma démission. 

Elle éclate de rire. Un rire froid et plein de glace. Plein de sarcasme envers la fourmi qui se rebelle. 

- Tu n'a pas le choix Fille. 

- Je ne suis pas votre fille, je ne l'ai jamais été. J'ai été votre arme, votre outil de mort, votre soldat, votre pion, mais pas votre fille. 

- Il semblerait que tu ai besoin d'être de nouveau disciplinée 

Je ne la laisse pas finir sa phrase que je me jette sur elle, toutes armes et Magie dehors. 

Le combat n'a pas duré, j'ai beau être très douée, je me suis battue contre une Déesse. Ma vision se brouille alors que j'observe mon sang s'écouler de mes plaies et de la lame plantée dans ma poitrine. J'ai un hoquet qui se finit par une respiration sifflante. Faiblement, j'entends ma sœur hurler sur notre Reine, sa Reine, et sens ses mains chaudes relever mon visage. Son visage est de plus en plus flou mais je peut sentir son inquiétude pour moi. Imbécile. Avec le peu d'énergie qu'il me reste je tourne mon regard vers mon exécutrice et on regard accroche l'égratignure que ma lame à faite sur le cou de celle qui avait été ma Lumière. Un faible sourire s'étire sur mes lèvres. J'ai réussis à la blesser. Je ne suis pas si nulle que ça finalement. C'est sur cette petite victoire que je sombre dans l'obscurité, laissant ma meilleure amie la Mort s'emparer enfin de moi.

Après la Fin

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Le vent souffle dans les feuilles avec douceur. Pour un humain normal, le silence est reposant. Pour celle qui vit ici, le silence n'en ai jamais un, la vie de la foret fourmille de son. Brisant ce calme trompeur plein de vie, le sifflement de la théière se fait entendre. Une main ridée l'arrête et verse l'eau chaude dans une tasse. Cette tasse est déposée sur un plateau en bois et emmenée dans le salon. Elle est offerte à une jeune femme qui ne fait pas son âge et qui semble lire l'ouvrage ouvert sur ses genoux. Elle accepte la tasse avec un sourire franc et remercie le majordome qui est à son service depuis bientôt trente ans. Trente années durant lesquelles lui s'est marié et à eu des enfants et elle à parcourut le monde, revisité des endroits qu'elle a connus avant, vécu une vie de liberté et de calme. Il a vieillit et est grand-père maintenant, elle n'a pas pris une ride, et si elle a quelques très bon amis, elle ne semble pas savoir qu'elle est seule. Maria, la gouvernante et femme du majordome, Milles, amène à leur maitresse des gâteaux pour aller avec le thé et encore une fois, ils sont remerciés comme si ils viennent de sauver le monde. Les deux domestiques sourient et sortent de la pièce.

Quelques toquements se vont entendre et Milles va ouvrir la porte d'entrée. Un femme magnifique se tient devant lui. Elle lui fait  un grand sourire et lui s'efface pour la laisser passer. Sans attendre, elle se dirige vers la pièce où la maitresse de maison se trouve et s'installe. Régulièrement, cette femme vient rendre visite à la Dame. Elles discutent pendant un certain temps et madame Starlight repart. Elle ne reste pas manger, elle ne boit qu'une tasse de thé. Milles lui apporte la dite tasse pendant qu'elles discutent :

- Alors comment va tes yeux ?

- Ils vont très bien Jadia, comme les milliers de fois où tu m'a posé la question. 

- Je suis désolée El, je n'ai pas réussi à te guérir ... 

- Ne t'excuse pas. Si on excepte la perte de la vue, je suis en parfaite forme, comme si il ne s'était rien passé. Après un combat avec un Dieu, je ne vais pas me plaindre. 

- Mais ... 

- Pas de mais, surtout qu'avec mes capacités, j'y vois parfaitement. Je veux plus t'entendre sur ça. 

La lady soupire et sourit. 

- Tu est sure que tu ne veut pas revenir ? 

- Jamais. 

La réponse est claire et catégorique. Et la lady soupire de nouveau. Puis elle se reprends et d'un ton joyeux enchaine. 

- Alors, as tu enfin trouvé quelqu'un avec qui partager ta vie ? Tu sait que il y a certains fils solaire qui seraient intéressés ... 

- Par les Astres Jadia, arrête de faire ton cupidon ! 

Milles sourit alors que le rire cristallin de leur invité résonne dans la pièce. Il s'éclipse et repart aider sa femme en cuisine. 

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Ellana est jouable dans n'importe quelle phase de sa vie, après la séparation de son âme :
Pendant son temps dans la guilde, Quand elle est sous les Ordres de la Déesse, après qu'elle ai perdue la vue, ect, vous avez le champ libre.

 

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